Yann se sent oppressé, sa cage thoracique enserre son coeur et la douleur se propage dans son bras gauche. Marie-Françoise appelle SOS-médecins qui la redirige tout de suite vers le Samu. Il est 18 heures

Le Samu17 arrive très vite, et dans son sillage une ambulance. Invasion de la chambre par toute une équipe qui s'anime autour du lit tel un vol d'étourneaux en blouses blanches. l'un déverrouille la bouteille d'oxygène, l'autre ouvre la valise de secours, l'autre encore déplie la civière.

"Quelle note donnez-vous à votre douleur ?"

"Supportable, disons 6 sur 10"

Piqure de morphine, embarquement sur la civière, passage par la fenêtre les pieds en avant, bien mauvais présage... Sirène hurlante pour traverser la ville, arrivée aux urgences de l'hôpital.

Une autre équipe attend et prend le relai, embarquement immédiat vers le bloc opératoire où chacun est déjà derrière son masque. Electrocardiogramme, anésthésie locale. Et une femme qui lui caresse doucement la tête tout en décrivant les opérations sur un ton apaisant. Yann ne sens déjà plus rien, il part à l'abandon, hypnose peut-être. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent sur son coeur, il le leur abandonne...

Un peu plus tard il sort de sa somnolence. "Votre nom ? votre date de naissance ?" Questions faciles ! Mais est-ce seulement maintenant qu'ils vérifient qu'ils ont opéré la bonne personne ?

Le chirgugien lui montre une photo de son circuit coronarien. "Vous voyez ici l'artère était bouchée. Nous avons envoyé envoyé un petit ballonnet que nous avons gonflé pour ouvrir le passage et nous avons déposé un stent pour maintenir l'artère ouverte. Tout s'est bien passé; mais nous avons détecté plus loin une petite fissure qu'il faudra colmater dans 2 ou 3 jours" 

Yann est en état second et d'accord sur tout. Et le chirurgien se montre satisfait de son travail.

Yann est alors conduit en surveillance à l'USIC, unité de soins intensifs de cardiologie, où toute une équipe bien efficace va prendre soin de lui, et où Marie-Françoise l'attend déjà. Il est 21h30. Yann va dormir.

Merci à tous les intervenants pour leur efficacité et leur gentillesse.

Toute ressemblance avec des personnes que nous connaissons n'est pas fortuite.

Ceci est l'histoire de Léon, le roi des paons, un roi protecteur de sa tribu, un roi aimable avec toute la basse-cour où il déployait en parade la plus longue traîne que l'on ait jamais vue dans le royaume des paons. Léon n'était pas peu fier. Et pourtant Léon n'était pas totalement satisfait, il se voulait plus beau et encore plus beau. La vanité était son plus grand défaut.

C'est pourquoi Léon demande à Arlette la mouette de lui chercher une parure encore plus spectaculaire.

La mouette est espiègle et adore jouer des tours. "Très facile, répond-elle, j'ai rapporté de Chine des plumes surnaturelles, et je suis prête à te les donner. Et ces plumes sont si sublimes que les sots ne peuvent les voir".

Léon aurait dû être alerté, mais il n'avait pas lu les contes d'Andersen, et ne pensant qu'à sa splendeur future, il accepte le marché.

C'est ainsi que dans la salle d'opération, Arlette ôte toutes les plumes de Léon et fait croire qu'elle les remplace par ses plumes prétendues magiques.

Et que voit Léon en se regardant dans un miroir ? Il voit un paon tout nu, sans aucune plume !

"Je ne vois pas mes plumes! Serais-je sot ?" se demande Léon qui est obligé de se prétendre beau avec ce nouveau plumage.

Des hurlements de rire l'accueillent à sa sortie. Les dindons glougloutent, les poules caquettent, les oies cacardent, les tourterelles caracoulent, les pintades cacabent, les moineaux pépient… et tous les autres paons criaillent.

Léon se rend compte qu'il a été trompé, il va se venger de la mouette, il se retourne, mais la mouette rieuse est partie depuis longtemps. Honteux, Léon s'enferme dans le poulailler et il y restera jusqu'à ce que ses plumes aient repoussé.

Ah si Léon avait été un dictateur violent comme celui du conte d'Andersen, ses sujets n'auraient pas osé rire, et tous auraient admiré son nouveau plumage…

Un roi bienveillant n'est pas craint de son peuple qui peut se permettre de lui dire la vérité parfois au prix de sa vanité.

"Je suis le roi des animaux !" rugit le lion. Le lion a parlé et personne ne doit rien ajouter !

"Tu es peut-être roi en Afrique, mais moi je suis roi en Asie !" C'est le tigre qui a osé… Le lion relève sa crinière et s'avance menaçant. Le silence tombe soudain. Les mères rassemblent leurs petits. Personne encore n'avait ainsi provoqué le lion, et c'est ce tigre du Bengale arrivé hier qui remet l'ordre en question. L'orage est proche…  "Et moi je suis le roi d'Amérique !"  intervient à son tour le jaguar. C'est la révolution qui s'annonce. Bientôt chaque animal va se prétendre roi, et les aristocrates félins perdront leurs privilèges. "Démocratie! Démocratie! Droit de vote!" commencent déjà à murmurer les singes.

Du haut de l'arbre où il se repose, le léopard intervient : "Je pense avoir aussi un droit de préséance sur vous tous. En effet vous savez que l'on me nomme aussi panthère, et que vos appellations savantes proviennent de mon nom. Toi le jaguar, tu es Panthera onca; toi le tigre tu es Panthera tigris; toi le lion tu es Panthera leo; et moi je suis Panthera pardus. Nous sommes tous Panthera, alors discutons, négocions au lieu de nous provoquer ! Et demandons à Mizaru, Iwazaru et Kikazaru, les trois singes de la sagesse d'organiser nos débats avec le principe : "Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal. À celui qui suit cette maxime, il n'arrivera que du bien."

Le léopard saute sur le sol, le guépard s'approche, suivi par le tigre et le lion. Mais le lion qui vit en groupe veut s'installer avec sa bande et avoir droit à une voix par individu pour voter. Refus des autres, même du guépard qui sait pourtant aussi chasser en meute. Les trois petits singes calment les esprits et établissent un questionnaire dans lequel chacun pourra annoncer ses qualités. C'est ainsi que le meilleur sauteur et grimpeur est le léopard, que les palmes de la natation vont au jaguar et au tigre, que le plus grand et le plus gros est encore le tigre, mais que le plus impressionnant est le lion grâce à sa crinière. Et encore que le jaguar possède la mâchoire la plus forte qui peut briser une carapace de tortue d'un coup de dent, que les os du tigre sont utilisés en médecine chinoise, et que l'haleine du léopard charme ses proies…

Et que dire de la renommée de chacun. Le lion combattait dans les arènes de Rome, le jaguar était vénéré dans les mythologies mayas et aztèques, le léopard pare encore souvent les chefs africains, le tigre est symbole de pouvoir divin en Inde et règne sur une année chinoise. Et qui ne connait pas la panthère rose ou le roi lion des dessins animés, l'élégance du léopard qui accompagne les publicités de produits de luxe, Georges Clémenceau surnommé le Tigre, les hélicoptères et les chars nommés Tigres, le tigre que Esso met dans nos moteurs, le lion de Peugeot, et du Crédit Lyonnais, le lion des fables de La Fontaine, le roi Richard cœur de lion, les lions indomptables du football camerounais, le jaguar qui orne le capot de luxueuses voitures anglaises…

Les trois singes de la sagesse s'écartent et délibèrent, puis ils appellent nos félins sauvages pour faire part de leur choix et annoncent : "Vous le savez, vos espèces sont menacées de disparition. Après les chasses qui vous ont décimés, voici maintenant la réduction des espaces de liberté; vous serez parqués dans des zoos ou des réserves, il faudra vous défendre." Et ils posent une dernière question : "Toi le léopard, toi le jaguar, toi le tigre, que faites-vous après la naissance de vos petits? Vous partez en laissant la mère les élever seule ! Et si vous ne savez défendre vos propres petits, comment saurez-vous défendre toutes les espèces sauvages ?" Tous trois baissent la tête et reconnaissent que si effectivement le lion sait protéger ses petits et sa famille, il saura aussi les protéger.

C'est ainsi que, à l'unanimité, le lion a été sacré roi des animaux. Sachez également que le lion a demandé aux trois petits singes de rester ses conseillers pendant toute la durée de son règne.

La Rochelle janvier 2012

 Au loin sonne une cloche.

Pierre est installé sur les rochers du Bout Blanc, il observe les voiliers qui partent en mer, mais surtout il surveille le bouchon qui danse au bout de sa ligne, et qui soudain plonge. Il ferre un peu sec et remonte un mulet de bonne taille pour le déjeuner.

Pierre a un admirateur d’une dizaine d’années, Alain, qui a laissé ses grands parents poursuivre seuls leur promenade pour vivre cette partie de pêche. Pierre, subodorant un spécialiste, lui offre la canne de réserve. Un appât sur l’hameçon, et hop à l’eau ! Dans l’attente d’une touche, Alain est bien excité, il danse d’une jambe sur l’autre. Et bien sûr par cette marée descendante, les rochers sont mouillés et glissants, glissssants, si glissssants que Alain tombe à l’eau, mais il peut s’accrocher à un rocher. Pierre lui tend la main et le ramène au sec.

Tout va bien, juste une petite éraflure sur le mollet. Pourtant Alain éclate en sanglots en gémissant « Ma montre ! La montre que Mamie m’a offerte ! » Le bracelet de montre s’est cassé et la montre a disparu.

Alertés, les grands parents accourent et essayent en vain de consoler Alain qui refuse de quitter les lieux avant d’avoir retrouvé son beau cadeau. Aussi tous attendent la marée basse pour accéder au fond des rochers, et par miracle retrouver la montre.

Pierre se demande s’il ne mérite pas une médaille des sauveteurs bretons !!!

Au loin sonne une cloche.

 Au loin sonne une cloche.

Le soleil illumine ce dimanche matin en grand contraste avec la pluie de la veille. Un matin idéal pour s’occuper un peu du jardin.

Pierre chausse ses sabots et sort la tondeuse à gazon. Il actionne le câble du démarreur. Le moteur hoquette. Comme tout un chacun, Pierre sait bien que ces engins ne démarrent jamais à la première sollicitation. Aussi, sans s’énerver, Pierre insiste, il tire et retire encore sans plus de réaction de la machine.

Pour Pierre quand il y a problème, il y a solution. Aussi il met la machine sur le dos, et observe. La lame est propre, la pelouse résiduelle de la dernière tonte avait bien été enlevée, tout semble normal, rien n’est bloqué. Pierre se rend bien vite compte que la panne ne vient pas de là.

Un saut dans son garage, et Pierre revient avec la trousse à outils toute neuve que ses enfants lui ont offerte. Il s’attaque au capot, met le moteur à nu, manipule la bougie, vérifie que les fils sont bien connectés. Mais Pierre n’est pas un grand bricoleur et il arrive vite au bout de ses connaissances.

Il prend un peu de recul, fait le tour de l’engin, l’observe, le magnétise, l’hypnotise, et réfléchit. Mais il reste les bras ballants.

Pierree, son épouse, s’approche. « Comme si une femme pouvait réparer une tondeuse !» s’amuse Pierre. « As-tu vérifié s’il y avait de l’essence ? » demande-t-elle. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Il faut vérifier le niveau d’essence ! Pierre a trouvé ! Il retourne dans son garage, prend le jerrican de mélange prêt à l’emploi, et abreuve la machine jusqu’au col.

Puis il se concentre et tire un coup sec. Et le miracle se produit au son d’un moteur pétaradant qui effraye le couple de mésanges perchées sur une branche du pommier, mais qui met Pierre en joie.

« Sais-tu que nous sommes dimanche et qu’il est bien de respecter le repos des voisins ? » Pierree a encore raison. Pierree a toujours raison. C’en est parfois énervant. Pierre coupe le moteur et range en maugréant la tondeuse dans le garage. Il aurait bien dû s’équiper d’une tondeuse électrique…

Au loin sonne une cloche.